Données privé et montre Facebook

2021-06-23 Off By dporgpd

Facebook essaie de se positionner comme un constructeur de matériel high-tech comme un autre. Une manière de récolter toujours plus de données, toujours plus précises. Le prochain venu : une montre connectée que le géant devrait sortir en 2022 selon les informations du site spécialisé The Verge.

«C’est tout à fait en phase avec la stratégie de Facebook qui ne veut plus être tributaire du duopole Apple et Google qui contrôle l’accès aux clients, analyse Nicolas van Zeebroeck, profeseur d’économie numérique à la Solvay Business School (ULB). Facebook veut éviter de se laisser enfermer par des règlements qu’il ne maîtrise pas, notamment sur la récolte de données personnelles. L’entreprise veut reprendre le contrôle sur l’interface. Cela s’inscrit dans la même démarche que ses travaux sur la réalité augmentée ».

Facebook est le meilleur exemple de capitalisme de l’information. Son objectif, au départ, est de collecter un maximum de données à des fins publicitaires. «Aujourd’hui, le réseau social travaille surtout à la manière dont, avec ces informations, ils peuvent influencer les comportements de leurs utilisateurs. C’est pourquoi ces objets connectés sont toujours plus bardés de capteurs, qui collectent toujours plus d’informations de plus en plus précises ». Cette montre ne déroge pas à la règle puisqu’elle sera équipée de caméras et d’un capteur de rythme cardiaque.

Parfait espion

Tout est réuni pour faire de cette montre Facebook un espion particulièrement efficace. Il suffit de naviguer quelques minutes sur Facebook, sa montre au poignet, pour qu’une tonne de données soient exploitées. Par exemple, si une pub apparaît à l’écran ou le post d’une personnalité médiatique, la montre peut analyser en temps réel quelle influence ont ces contenus sur le corps. Une mine d’or pour les publicitaires.

« Ces données sont extrêmement importantes si on veut proposer des contenus toujours mieux ciblés et orienter les comportements des utilisateurs comme cherche à le faire Facebook », poursuit le professeur. Mais ce n’est pas parce que Facebook a mauvaise réputation sur la gestion des données de ses utilisateurs que les autres acteurs, mieux installés, sont forcément plus respectueux.

« Il ne faut pas oublier que 90 % des recettes de Google viennent de la pub en ligne. Il n’y a donc pas de raison que Google agisse différemment avec les montres sous WearOS, son système d’exploitation pour les montres. Apple, quant à lui, est toujours tiraillé entre la tentation d’utiliser ou vendre les données récoltées et sa ligne de conduite de respect des données. Mais il les récolte tout de même. »

Peu importe la crémerie vers laquelle on se tourne, porter une montre connectée signifie forcément que l’on accepte de transmettre des données sensibles à une entreprise privée.

Des scandales à répétition depuis les révélations sur Cambridge Analytica ont ébranlé la confiance des internautes envers Facebook. «Je constate avec étonnement que malgré tout ce qui a été dit sur Facebook, le géant se porte bien et que le nombre de ses utilisateurs n’est pas particulièrement en baisse. On n’a pas l’impression que le consommateur boude particulièrement les produits de Facebook ».

Cela indique que les internautes ne sont sans doute pas particulièrement inquiets de l’exploitation faite de leurs données. Suffisamment pour permettre à Facebook d’analyser son rythme cardiaque lorsque l’on utilise ses services ? La firme californienne semble en avoir fait le pari.